Les enseignes le constatent chaque jour : les clients attendent des expériences plus fluides, plus pertinentes, et surtout plus ajustées à leurs préférences. Mais en réalité, peu d’organisations disposent des outils, de la coordination et surtout des données nécessaires pour répondre à cette exigence. 

La personnalisation ne se décrète pas, elle se construit à partir d’interactions, de signaux faibles et d’une capacité à activer la donnée au bon moment, sur le bon canal. Cela suppose d’aller au-delà des segmentations classiques ou des campagnes génériques. 

Certaines approches, déjà à l’œuvre dans le retail, montrent comment exploiter la data sans complexifier les parcours. À travers quatre tendances clés, ce sont de nouvelles façons de personnaliser qui émergent, plus fines, plus réactives, et surtout plus connectées aux comportements réels. 

Personne tenant une tablette dans un magazin

Les data au service de la personnalisation : un potentiel encore sous-exploité dans le retail ?

Pourquoi la personnalisation devient-elle un enjeu prioritaire côté client ?

Les attentes en matière d’expérience personnalisée ne cessent de s’intensifier. Aujourd’hui, 73 % des clients attendent des marques qu’elles comprennent leurs besoins et leur proposent des interactions sur mesure. Et cette exigence n’est pas juste un « plus » marketing : elle influence directement la décision d’achat. Près de 78 % des consommateurs sont plus susceptibles de renouveler leurs achats auprès d’une entreprise qui personnalise leur expérience

Mais ce désir de personnalisation n’est pas toujours satisfait. Seules 15% des CMO estiment être sur la bonne voie en matière de personnalisation. Cet écart crée une zone d’opportunité énorme pour les retailers. Et l’enjeu est stratégique : une personnalisation pertinente augmente de 49% la fidélité client

À l’inverse, un ciblage mal ajusté peut ternir l’image de la marque. Près d’un quart des consommateurs déclarent recevoir des recommandations sur des produits déjà achetés. Cette maladresse crée un effet contre-productif car cela renforce le sentiment d’un marketing déconnecté. Autrement dit, offrir une expérience client impersonnelle revient à s’effacer du radar du consommateur.  

Quel rôle concret joue la data dans l’amélioration de l’expérience client ?

Pour répondre à ces attentes, les retailers disposent aujourd’hui d’un levier central : la donnée. Chaque interaction (navigation, achat, réponse à une campagne etc.) alimente un socle d’informations qui, correctement exploité, permet d’ajuster les parcours client, sans multiplier les frictions. 

En amont, elle aide à comprendre les intentions : pages consultées, recherches, interactions sociales… Ces signaux permettent d’adapter les contenus ou les offres, parfois dès la première visite. 

Pendant l’achat, elle simplifie le parcours : suggestion de produits alignés avec les préférences, options de livraison anticipées, conseils intégrés en ligne ou en magasin. 

Et après l’achat, elle nourrit une relation plus pertinente : recommandations utiles, relances ciblées, contenus adaptés au contexte ou à l’historique. 

L’enjeu n’est pas de tout personnaliser, mais de le faire où cela a du sens. Ce n’est pas la quantité de données qui crée la valeur, mais leur activation juste, au bon moment. 

Segmentation comportementale : Du profilage classique à l’activation temps réel

Segmenter ses clients selon leur âge ou leur panier moyen reste utile… mais largement insuffisant. Ce type de segmentation, figée, ne reflète ni l’évolution des comportements, ni les signaux émis à l’instant T. 

Aujourd’hui, les enseignes les plus agiles basculent vers des segmentations dynamiques, nourries en temps réel. Chaque clic, chaque recherche, chaque ajout au panier devient un signal exploitable. On ne parle plus de profils, mais d’actions observées et actualisées en continu. 

Des outils comme les Customer Data Platforms (CDP) unifient ces informations issues de différents canaux (web, mobile, magasin). Résultat : un client peut intégrer automatiquement un segment “intention forte” s’il consulte plusieurs fois une fiche produit, ou sortir d’un segment actif en cas d’inactivité prolongée.  

IA conversationnelle : Des chatbots aux agents intelligents auto-apprenants

Dans le retail, les agents conversationnels ont franchi un cap. On est loin des scripts basiques qui se contentaient de dérouler des réponses toutes faites. Aujourd’hui, dopés par l’intelligence artificielle, certains bots comprennent le langage naturel, détectent l’intention d’un client, et adaptent leurs réponses en fonction de son historique ou de ses préférences. 

Cette capacité d’adaptation repose directement sur la data. Chaque question posée, chaque choix effectué, chaque interaction passée enrichit leur base d’apprentissage. Plus le volume de données est riche et structuré, plus l’IA conversationnelle gagne en finesse et en pertinence. 

Les enseignes les utilisent autant pour le service client que pour accompagner l’achat. Suivi de commande, choix produit, aide au panier : ces bots prennent en charge une partie croissante des interactions, tout en conservant un niveau de personnalisation satisfaisant. Un vrai plus dans les pics de fréquentation ou en dehors des horaires d’ouverture. 

Automatiser intelligemment : quand les données CRM rencontrent les bons signaux

L’automatisation marketing efficace repose sur une chose : relier ce que l’on sait d’un client à ce qu’il est en train de faire. Et c’est justement ce que permet le croisement entre données CRM et signaux comportementaux. 

Les données CRM offrent un cadre : statut fidélité, préférences déclarées, historique d’achat. À cela s’ajoutent les comportements récents : navigation sur une catégorie, panier abandonné, inactivité prolongée. En combinant les deux, il devient possible de déclencher des actions personnalisées sans intervention humaine. Ces automatisations ne sont pas que l’envoi d’email. Les marques activent des push mobiles, des SMS, des contenus web personnalisés, parfois même des messages en point de vente. Chaque canal peut être utilisé selon le contexte et le profil du client. 

Ainsi, ces données sont synchronisées, CRM et comportementales, entre les canaux, on obtient une vision client unifiée. C’est cette capacité à activer la donnée au bon moment, avec le bon message, qui donne tout son sens à la segmentation comportementale en temps réel. Les Customer Data Platforms (CDP) y contribuent efficacement en collectant et unifiant les données provenant de diverses sources pour assurer une personnalisation optimale. Et côté performance, les chiffres sont clairs : taux d’ouverture, de clic et de conversion augmentent sensiblement quand les messages sont déclenchés par un comportement réel, et non par un calendrier. 

Vendre sans pousser : la recommandation produit à l’épreuve de la personnalisation

Les moteurs de recommandation analysent les comportements d’achat et de navigation pour suggérer les produits les plus pertinents au regard de son profil. Deux méthodes se combinent généralement : proposer ce que d’autres clients similaires ont acheté, ou mettre en avant des articles proches de ceux déjà consultés. 

Ces systèmes s’appuient sur des données variées : achats passés, produits vus, ajouts au panier, préférences déclarées… mais aussi sur des tendances globales issues de l’ensemble des utilisateurs. Certains modèles intègrent une logique prédictive : si un client renouvelle ses baskets tous les 18 mois, l’algorithme peut anticiper une nouvelle intention d’achat à l’approche de cette échéance. 

Côté e-commerce, ces recommandations s’intègrent directement dans les pages : carrousels personnalisés, suggestions post-achat, emailings ciblés. En magasin, des enseignes testent des dispositifs via tablette, vendeur ou borne interactive, connectés au profil client, pour reproduire cette logique de personnalisation sur le terrain. 

Mais les bénéfices dépassent la transaction unique. Une recommandation cohérente avec les goûts du client renforce la perception de proximité avec la marque. Dans la durée, cette pertinence alimente la fidélité, en particulier si les suggestions sont intégrées dans le parcours relationnel : email post-achat, alertes dans l’app mobile, notifications sur une nouvelle collection en lien avec les préférences. 

Plus les recommandations sont justes, moins elles sont perçues comme intrusives. Et plus elles deviennent un service, plutôt qu’un levier commercial. C’est dans cet équilibre que se joue l’efficacité durable de ces outils. 

Retail & data : Quelles contraintes anticiper dans la mise en œuvre ?

Ces innovations supposent quelques précautions. D’abord sur le plan de l’expérience client : si la personnalisation est trop visible ou mal expliquée, elle peut être mal perçue. Il est donc essentiel d’informer et de permettre à chacun de gérer ses préférences

Sur le plan réglementaire, la disparition des cookies tiers pousse les marques à développer leurs propres bases de données : comptes clients, applis mobiles, programmes de fidélité. Ce sont ces sources qu’il faudra valoriser pour maintenir une relation individualisée

Enfin, pour exploiter ces outils au quotidien, les équipes doivent être formées, impliquées, et équipées. Le défi n’est pas technologique, mais organisationnel : faire en sorte que les données circulent, que les usages soient clairs, et que chaque métier y voie un bénéfice concret dans sa pratique. 

ElMehdi Meftahi

ElMehdi Meftahi

Head of Data Practice

David Perrais

David Perrais

Directeur Conseil Distribution, Retail et Luxe

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