Naviguer, remplir un formulaire, finaliser un paiement : autant d’actions simples qui deviennent parfois impossibles si un site n’est pas conçu pour être utilisé par tous, y compris par les personnes en situation de handicap. Cette exigence d’accessibilité s’impose désormais dans les briefs, les appels d’offres et les démarches RSE. Pour l’encadrer, un référentiel officiel est utilisé : le RGAA (Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité). Il constitue la base commune permettant d’évaluer la conformité et de structurer les projets numériques autour de critères partagés.

Le RGAA, votre point d’entrée vers la conformité numérique
EL’accessibilité numérique peut sembler technique, voire intimidante, surtout lorsqu’on découvre le sujet à travers des obligations réglementaires. Le RGAA, souvent cité mais rarement expliqué clairement, mérite qu’on en pose les bases.
Ce référentiel n’a rien d’un jargon réservé aux spécialistes. Il a été conçu comme un outil pratique, un socle pour agir progressivement, sans tout refondre d’un coup.
RGAA : le cadre qui vous permet d’agir sans tout revoir
Le Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA) est la référence officielle publiée par l’État français pour évaluer et améliorer l’accessibilité des services numériques.
Il repose sur 106 critères, adaptés des règles internationales WCAG (Web Content Accessibility Guidelines) du W3C, et structurés autour de quatre grands principes : rendre les contenus perceptibles, utilisables, compréhensibles et robustes.
La version actuelle, la 4.1.2, a été mise à jour en avril 2023. Elle est éditée par la DINUM (Direction Interministérielle du Numérique).
En France, la loi de Handicap de 2005 impose aux organismes publics de rendre leurs sites et applications accessibles. Le RGAA, référentiel officiel de l’État, sert à évaluer cette conformité : chaque organisme doit publier une déclaration d’accessibilité et présenter un plan d’action, même si tout n’est pas encore accessible.
Tout le référentiel est disponible en accès libre : accessibilite.numerique.gouv.fr
En résumé :
- le RGAA offre un cadre éprouvé pour auditer, prioriser et progresser.
- l’EAA impose aux services numériques concernés d’être accessibles,
Quels contenus sont évalués par le RGAA ?
Le RGAA ne se limite pas à la présentation graphique d’un site. Il évalue l’ensemble des éléments qui conditionnent l’expérience utilisateur. Concrètement, cela inclut :
- Les contenus textuels et multimédias : images, vidéos, documents PDF mis en ligne doivent disposer d’alternatives accessibles.
- Les formulaires et parcours interactifs : champs correctement étiquetés, messages d’erreur compréhensibles, navigation au clavier possible.
- La structure et la navigation : hiérarchie des titres (<h1>, <h2>…), menus clairs, cohérence des liens.
- Les contrastes et la lisibilité : couleurs suffisamment différenciées, textes adaptables en taille.
Chaque critère du RGAA est rattaché à l’un des 4 principes PUCR (Perceptible, Utilisable, Compréhensible, Robuste). C’est cette grille qui permet de planifier des corrections pragmatiques, page après page.
Exemple : un bouton sans libellé lisible par un lecteur d’écran ou une vidéo sans sous-titres suffisent à bloquer un utilisateur.
EAA : nouvelle obligation européenne, RGAA comme outil d’appui
Depuis le 28 juin 2025, l’European Accessibility Act (EAA) rend l’accessibilité obligatoire au niveau européen pour certains services numériques destinés aux consommateurs (e-commerce, banque en ligne, transport de passagers, e-books, communications électroniques, services audiovisuels). Les micro-entreprises ainsi que les entreprises de moins de 10 salariés et moins de 2 M€ de chiffre d’affaires en sont exemptées.
L’EAA impose que ces services soient accessibles et que les entreprises concernées puissent démontrer leur conformité en cas de contrôle. En pratique, l’accessibilité devient un critère réglementaire comparable au RGPD ou à la cybersécurité (NIS2).
Dans ce cadre, le RGAA devient un des outils de référence pour évaluer et renforcer la conformité des sites et applications, sans attendre une refonte complète. Il aide à repérer les blocages, à prioriser les corrections et à avancer étape par étape, sans repartir de zéro.
Bien au-delà de l’UX : l’accessibilité, un levier d’image, de business et de performance
L’accessibilité numérique n’est pas qu’une obligation légale. C’est aussi un signal de sérieux et de responsabilité pour vos clients, partenaires et collaborateurs. En Europe, ~45 % des 16–74 ans n’ont pas au moins les compétences numériques de base (Eurostat), ce qui en fait un enjeu de société majeur. Derrière ce chiffre, un enjeu de société qui dépasse largement le monde du design.
Un service accessible, c’est un service qui inspire confiance, qui valorise l’image de marque et qui s’inscrit dans une démarche RSE crédible.
À l’inverse, un service non accessible n’est pas invisible : il se voit, il se vit et il se critique. Il peut freiner des utilisateurs, décrédibiliser une organisation dans un appel d’offres, ou ruiner une communication publique.
Quand l’inclusion façonne aussi l’image de marque
L’accessibilité n’est pas un détail technique : c’est une preuve tangible d’inclusion. Dans un contexte où les politiques RSE sont scrutées, promettre l’inclusion sans accessibilité, c’est se tirer une balle dans le pied. Clients, fournisseurs, partenaires… tous y voient le reflet d’un engagement (ou de son absence).
Et cela va au-delà des utilisateurs directs : l’accessibilité est aussi un signal fort pour les candidats. En France, ~80 % des handicaps sont « invisibles » (Ministère de l’Agriculture – chiffres clés), mais leurs effets sur l’usage du numérique sont bien réels. Dans un marché du travail tendu, une marque employeur perçue comme peu inclusive perd en attractivité. Aujourd’hui, les talents veulent travailler avec des entreprises cohérentes entre leurs valeurs et leurs actes. À l’inverse, un site accessible montre que l’organisation est prête à accueillir chacun dans de bonnes conditions.
L’accessibilité, levier direct de performance commerciale
Perdre un client parce qu’un parcours en ligne est bloquant pour l’utilisateur ? Oui, ça arrive.
Les étapes critiques (inscription, devis, paiement) doivent être utilisables par tous. Sinon, c’est l’abandon assuré, et donc du chiffre d’affaires perdu. Déjà aujourd’hui, 70 % des paniers en ligne sont abandonnés en moyenne (Baymard). Et lorsqu’on ajoute les barrières liées à l’accessibilité, près de 69 % des clients en situation de handicap déclarent quitter un site difficile à utiliser (Click-Away Pound 2019). Résultat : chaque obstacle supplémentaire accentue un problème déjà majeur.
Autrement dit, chaque frein supplémentaire augmente un problème déjà massif. L’accessibilité est un levier direct de performance commerciale.
SEO, lisibilité, conversion : quand l’accessibilité fait le lien
Un site accessible, c’est aussi un site plus performant sur le plan marketing. Beaucoup de bonnes pratiques RGAA rejoignent celles du SEO : structuration logique des titres, alternatives textuelles aux images, rapidité d’affichage. Résultat : un meilleur référencement naturel et donc plus de visibilité, sans surcoût.
Et l’enjeu dépasse le SEO. Des choix UX et UI simples comme un bon contraste ou des intitulés clairs profitent à tous, qu’il s’agisse de seniors, de personnes en situation de handicap ou plus largement de toute personne rencontrant des difficultés d’utilisation. Environ 7 à 8 % des internautes utilisent un lecteur d’écran (WebAIM). Plus de 80 % des vidéos sont vues sans le son. Deux situations du quotidien qui montrent à quel point l’accessibilité concerne bien plus qu’une minorité.
En marketing comme en accessibilité, la logique est la même : éliminer les frictions, fluidifier l’expérience et maximiser l’efficacité.
Ne vous arrêtez pas là !
L’accessibilité numérique ne se résume pas au RGAA : elle s’inscrit dans un cadre européen plus large (EAA), se traduit en choix stratégiques lors d’une refonte web, et peut s’aborder par des outils simples comme une check-list d’auto-évaluation.
Retrouvez nos autres contenus pour approfondir chacun de ces angles : avis d’expert, étude de cas, et référence client.
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